Innovation globale : dérisquer par les scénarios
- Gilles FUENTES
- 19 avr. 2024
- 2 min de lecture

Dans un post récent paru sur LinkedIn, un dirigeant se reprochait de ne pas avoir anticipé le risque d’une pandémie et ses conséquences sur l’exploitation de son entreprise.
Cette auto-critique est excessive. Tout anticiper et concentrer son énergie sur les seuls obstacles empêchent l’action.
Il n’en reste pas moins vrai que l’anticipation par l’écriture de scénarios alternatifs constitue un exercice nécessaire.
Qui ne fait châteaux en Espagne ?
Il est dans la nature d’un chef d’entreprise d’être positif. Sans cette qualité comment mener ses équipes vers la réussite ? Mais une confiance excessive peut aussi inquiéter.
Christian a repris une entreprise de menuiserie industrielle. Il nous présente son projet pour lequel il recherche un financement capitalistique. Les qualités de la PME et du projet sont certaines : main d’œuvre compétente, matière première disponible en circuit court, réseau de distributeurs en croissance, bonne image … « tout va très bien, tout va très bien … on déplore un tout petit rien …dans un mois il n’y a plus de cash… »
Nous étudions une solution alternative : prendre en sous-traitance un marché disponible et mieux cadencer le plan de développement dans le temps.
Christian, très confiant, préfère rechercher par lui-même un financement … qu’il n’obtiendra pas.
De l’utilité de la paranoïa
Quelques managers peuvent s’agacer des objections des spécialistes du risque au sein de l’entreprise : directeurs financier, juridique, qualité … Le métier de ces experts est de faire bon usage d’une forme maîtrisée de paranoïa.
Et sans en rabattre sur son optimisme entrepreneurial, le dirigeant étudiera avec attention les points de vigilance soulignés.
Un exercice essentiel : Et si ….
Pour ce faire, l’exercice du Et si …est des plus utiles. Sous une forme ludique, il consiste à envisager en équipe les obstacles qui se présenteront :
Et si … un nouveau mouvement social de grande ampleur se déclenche, que pourrons nous faire pour survivre ?
Et si ….nous ne réussissons pas la levée de fonds dans six mois, comment pourrions nous continuer à avancer ?
Et si … les tarifs postaux augmentaient, quelle incidence sur notre offre produits ?
Etc.
Bertrand Lépine, Président-fondateur de Fab’entech, société biopharmaceutique spécialisée dans les immunothérapies pour situations d'urgence, a souhaité être accompagné dans la réalisation de plusieurs scénarios de business plans afin de réussir une levée de fonds.
Il ne s’agissait pas de seulement moduler une variation du chiffre d’affaires mais de travailler sur les fondamentaux de l’entreprise.
Nous avons ainsi écrit ensemble 3 scénarios de business modèles différents. Ce travail a été complexe, long et … productif.
Tout d’abord, les fonds déjà actionnaires de l’entreprise ont été rassurés par le sérieux de la démarche et ont soutenu financièrement l'activité.
Et surtout un des scénarios a trouvé preneur. En février 2020, Fab’entech a levé 8.5 millions d’euros (cf: https://www.defense.gouv.fr/dga/actualite/fab-entech-societe-soutenue-par-la-dga-leve-8-5-millions-d-euros)
Quelles leçons tirer ?
Tout n’est pas prévisible. Un des rôles du dirigeant est de permettre l’agilité afin d’anticiper les difficultés graves. Des exemples évoqués, nous retiendrons les postures suivantes :
· Anticiper les écueils avec les experts de la gestion des risques : directeurs financier, juridique, qualité, avocats, experts-comptables,
· Faire de la gestion des risques un terrain de jeu et d’entraînement pour ses équipes,
Préparer et formaliser des scénarios alternatifs.
Gilles Fuentes
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